Monsieur Mamère s’est en effet permis, lors d’une émission de télé, de parler à la place de sa suppléante, et l’a qualifiée de “musulmane” alors qu’elle se considère comme “laïque et agnostique”. Il l’a, de plus, associée à son opinion sur le caractère stigmatisant d’une loi interdisant la burqa alors qu’elle-même se déclare, au contraire, favorable au vote d’une telle loi.
Naïma Charaï a remis à sa place son député titulaire vendredi dans un communiqué où elle dit refuser que l’on parle en son nom et être réduite à une appartenance religieuse, bafouant ainsi le principe de laïcité. Se faisant, LibéBordeaux remarque très opportunément que Madame Charaï effectue un audacieux parallèle entre Noël Mamère et Nicolas Sarkozy, lequel a parfois été pris en flagrant délit du même amalgame.
Il semble bien, qu’en plus de partager la même conception de la Laïcité que le Président de la République ainsi que le juge Naïma Charaï, Noël Mamère déteste aussi se voir contredit par ceux qu’il considère être ses vassaux . Ainsi, a t-il dégainé dans Sud-Ouest :“Naïma a franchi la ligne jaune, à elle d’en tirer les conséquences”.
Il faut qu’elle fasse quoi ? Qu’elle renonce à la suppléance ? Mamère se prépare t-il à devenir ministre d’ouverture de Nicolas Sarkozy, dont il est maintenant établi qu’il partage certaines opinions et méthodes, et veut-il priver cette dame de l’honneur de s’asseoir dans l’hémicycle ? On ne saurait exclure que le mécontentement de Noël Mamère, ainsi pris en faute, ne soit déconnecté de la guerre sans merci que se livrent Europe Ecologie et PS dans cette région comme dans les autres. Mais cette manière de traiter Madame Charaï, n’en doutons pas, aurait déjà été qualifiée de “dérapage” dans tous les journaux, radio et télés, si l’ancien candidat à la présidentielle ne bénéficiait pas, au contraire de Georges Frêche, d’une quasi-immunité médiatique que son ancienne profession explique assez facilement.
David Desgouilles